Développer l’agroécologie dans la filière betterave

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Développer l’agroécologie dans la filière betterave
Comment les sucriers peuvent réduire leur empreinte carbone ? Comment faire cette transition au sein de leur chaîne de valeur ? Comment développer l’agroécologie dans la filière betterave ? Et comment partager les risques et coûts de cette transition ?
Ce sont Julien Coignac de chez Cristal Union et Yoan Froger de Pour une agriculture du vivant, nous éclairent dans cette session sur le développement de l’agroécologie dans la filière betterave, en mettant en place un indice de régénération. C’est en travaillant ensemble que Cristal Union et Pour une Agriculture du Vivant ont pu explorer les solutions pour soutenir la transition des betteraviers dans le Nord de la France.

CARBON CONNECT THÈME 3 : MISES EN OEUVRE CONCRÈTES DE STRATÉGIES CLIMAT / BIODIVERSITÉ

Mise en place d’un indice de régénération pour développer l’agroécologie dans la filière betterave

L'empreinte carbone de votre sucre de table est pour 1/3 due à la culture de la betterave, suivie de près par la consommation d'énergie. Pour réduire cet impact conséquent, la coopérative betteravière Cristal Union s’est associée à l’association Pour une Agriculture du Vivant, qui vise à structurer les filières agroécologiques. Ensemble, ils ont mis au point un indice de régénération des exploitations pour accompagner les agriculteurs vers des pratiques plus durables tout en réduisant l’empreinte carbone de la filière.

L’économie circulaire de la betterave

La filière betterave repose sur l’économie circulaire, qui fait fonctionner le territoire. En effet, cette culture riche en eau ne peut pas être transportée sur de longues distances, au risque de pourrir.  Cristal Union a fait le choix d’installer ses sucreries dans les territoires de production de la betterave, à 30 km en moyenne des parcelles de ses coopérateurs.

C'est aussi un modèle de zéro déchet, puisque la betterave est entièrement valorisée ! En effet, la partie préférée des entreprises sucrières et des distilleries reste le jus de betterave qui permet la fabrication de sucre et d’alcool, utilisé pour la cosmétique par exemple. Le reste, appelé pulpe de betterave, est soit transformé en énergie, soit utilisé dans l’alimentation animale pour les agriculteurs locaux, la boucle est bouclée !

Réduire l’impact environnemental de la betterave est l’un des challenges les plus importants pour Julien Coignac, Responsable RSE de Cristal Union.

Cultiver de la betterave durable

La coopérative sucrière s’est engagée pour sa filière, en accompagnant ses agriculteurs dans leur transition agroécologique, afin de suivre la trajectoire SBTI sur laquelle ils se sont engagés.

C'est ainsi qu'en 2015, la coopérative a lancé Cristal Vision, un référentiel de durabilité permettant de tester diverses pratiques afin d'évaluer le sol, les plantes et les rendements. Par la suite, des agriculteurs ont été accompagnés en groupe ou individuellement pour ajuster leurs nouveaux itinéraires techniques et suivis parcellaires. Pour suivre l’évolution des pratiques, des auto-diagnostics sont réalisés par le producteur lui-même, ainsi que des audits de la part de Cristal Union pour une centaine de fermes mais également d’une tierce partie pour une dizaine d’entre eux. Le but premier de ce référentiel est d’accompagner les coopérateurs de Cristal Union vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et des Hommes, tout en assurant la durabilité de la culture.

En s’appuyant sur des agriculteurs  ambassadeurs, l’objectif de Cristal Vision est de convaincre un maximum d’agriculteurs d’adopter des pratiques agroécologiques. Aujourd’hui, sur les 7000 planteurs de Cristal Union, 900 sont engagés dans la transition agroécologique.

Mesurer l’impact carbone et environnemental

Du côté des industriels, sucriers et distilleries, l’engagement dans une filière durable est une opportunité de pouvoir calculer un facteur d’émission, mesurant la durabilité de la culture. Cela permet d’ajuster l’impact de cette matière première dans leurs bilans carbone, qui, nous l’avons vu, pèse lourd.

Le projet Culture d’Industrie sur Sol Vivants (CISV), associant Pour une Agriculture du Vivant et Cristal Union, a pour but de comparer l’impact d’une ferme traditionnelle et d’une ferme pionnière en agroécologie, sur les cultures de pommes de terre et de betteraves. Cette étude a été menée dans les Hauts de France sur 4 ans, et a permis de déterminer le coût de la transition qui s’élève à 250 € par hectare pour obtenir en moyenne une diminution de 46% des émissions sur l’exploitation. Cette réduction est précisément ce qu'il faut faire pour se conformer à une démarche SBTI, soulignant ainsi l'importance de la transition agroécologique opérée par les industriels.

Partager le risque de la transition : le projet COVALO

« Tout le défi est de mettre en place un modèle économique qui permet de partager le risque. » nous dit Yoan Froger.

Tout changement de pratique comporte des risques et des coûts. Pour ce qui est de l’agriculture, les deux tiers des coûts liés au changement de pratiques sont dûs aux risques de rendement. Quand on travaille avec la nature, les résultats peuvent beaucoup varier, encore plus quand il faut changer les pratiques pour pouvoir améliorer le fonctionnement du sol, le rendant ainsi plus autonome et réduisant la dépendance aux intrants.

Pour impliquer les agriculteurs dans la transition, il faut les aider et les soutenir financièrement. C’est tout l’enjeu du projet COVALO, mené par PADV, Cristal Union et Agoterra, pour dynamiser la démarche collective et démocratiser l’agroécologie. L’idée est de pouvoir calculer le facteur d’émissions des betteraves pour chaque exploitation. Une des questions que le projet de COVALO soulève est la suivante : comment pourrait-on couvrir les risques agricoles de la transition agroécologique ?

Afin d’opérer la transition et d’en mutualiser les frais de déploiement, il faut que ce soient les acheteurs qui s’intéressent à l’agroécologie. Pour cela, des aides pour les agriculteurs ont été mises en place dans le cadre du projet, telles que :

-   Une prime filière développée chez Cristal Union en plus du conseil,

-   Un financement des agences de l’eau pour services environnementaux régénératifs,

-   Ainsi que le financement des entreprises par les crédits carbone.

C’est sur ce dernier sujet qu’intervient Agoterra, afin de faire financer la transition agricole de toute l’exploitation, par des entreprises locales. Cette démarche permet de faire comprendre au monde de l’entreprise les enjeux de l’agriculture et pourquoi il est essentiel de les aider dans leurs démarches durables.

En conclusion, pour décarboner la filière betterave :
-   L’amont et l’aval doivent se coordonner
-   L’ancrage territorial des industries et des entreprises permet un lien fort avec les agriculteurs et fournisseurs locaux
-   Les mécanismes de prime filière et de crédits carbone sont complémentaires pour accompagner la transition des agriculteurs.

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