
Depuis deux siècles les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine anthropique ont bouleversé l’équilibre climatique jadis propice au développement de notre civilisation. Il y aura bientôt 50 % de plus de CO2 dans l’atmosphère qu’avant l’ère industrielle, un chiffre hautement symbolique qui en dit long sur l’ampleur de notre responsabilité. Il est urgent d’agir pour rester en dessous de 2°C d’augmentation de la température terrestre, et éviter les catastrophes qui en découleraient.
Il faut donc réduire le plus possible notre empreinte carbone en se délestant de toutes les émissions de GES non essentielles. Mais comment traiter le reste, les émissions inévitables, aussi appelées émissions résiduelles incompressibles ? 🤔
Voici quelques éléments de réponse👇
Avant d’entamer un régime, il est nécessaire de savoir ce qui nous fait grossir. Avant de se lancer dans la chasse au CO2, il est nécessaire de comprendre comment ce dernier est émis.
Même s’il n’est pas le seul GES le carbone d’origine humaine est responsable d’un peu moins de 65% de l’effet de serre, qui correspond au phénomène d'imperméabilisation de l'atmosphère aux rayonnements infrarouges issus du soleil, résultant en une augmentation significative de la température de cette dernière. C’est donc aux émissions de gaz carbonique qu’il convient de s’attaquer en premier. 🎯
D’abord, le gaz carbonique est un élément que l’on retrouve dans la nature, bien avant la présence de l’Homme. Il est fabriqué naturellement par les organismes vivants du fait de la respiration des animaux, de la décomposition, de la photosynthèse des végétaux…
Le cycle du carbone permet depuis des millions d’années l’échange naturel de carbone entre l’atmosphère et la Terre (via la biosphère, la lithosphère et l'hydrosphère).
Ce cycle est rompu par la faute de l’Homme.
Le CO2 d’origine anthropique est comparable aux aliments contenant du sucre ou du gras : certains sont bénéfiques pour notre organisme, d'autres sont en trop, et bouleversent notre santé.
Les premiers millénaires de l’Humanité ont eu un impact insignifiant sur le cycle du carbone : les matières organiques utilisées alors (bois, charbon…) l'étaient en si petite quantité que l’empreinte carbone de ces activités était négligeable.
Puis, il y a 250 ans, commence l’ère industrielle dont la caractéristique numéro 1 est l’exploitation de ressources fossiles. Cette dernière permet une croissance démographique sans précédent, qui se fait au dépend des écosystèmes naturels.
Cela se traduit d’abord dans la gestion des sols : déforestation et défrichage sont les premiers leviers de destruction de puits de carbone, jusqu’alors présent naturellement dans les sols.
L’équilibre est rompu : nos puits de carbone sont détruits par la déforestation, l’agriculture intensive ou encore l'urbanisation et notre production de carbone à l’échelle mondiale est bien au-dessus de ce qui peut être stocké.
La production de carbone augmente alors de manière exponentielle, presque sans cesse, jusqu’à nos jours du fait de la dépendance de nos sociétés aux combustibles fossiles tels que le pétrole, le charbon ou encore le gaz naturel.
🔎 Penchons-nous un moment sur la répartition sectorielle des émissions de CO2 : (d’après le récent rapport du GIEC) :
Et d’un point de vue géographique, comment se répartissent les émissions ?
Trois grands ensembles se détachent :
Tous ses éléments font qu’aujourd’hui le taux de carbone dans l’atmosphère ne cesse de croître dans des proportions inquiétantes quand dans le même temps la taille et donc l’efficacité des puits de carbone naturels n’a jamais été aussi faible.
Rester sur la même dynamique ne peut nous mener qu’à la destruction rapide des écosystèmes dont nous dépendons.
Les conséquences sont bien connues : acidification des océans, forte intensification de la brume sèche (brouillard de pollution), changement de croissance des plantes, destruction de la couche d’ozone, désertification, la fonte des glaces, l’augmentation du niveau de la mer, l’intensification des aléas naturels…
👉🏻 La prise de conscience de ces dangers a conduit de nombreuses organisations publiques et privées à adopter une politique de neutralité carbone en 2050. L’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, l’Australie, Total, Arcelor-Mittal, ExxonMobil… Nombre de pays et de multinationales s’unissent pour cet objectif commun.
On ne peut réduire que ce qu’on peut quantifier. En conséquence la première étape d’une politique de réduction des émissions est le passage par un bilan carbone, qui permet une cartographie exhaustive des émissions d’une organisation.
Pour cela, il existe une multitudes d’entreprises expertes en la matière mais qui passent toujours par le même calcul :
quantité consommée x facteur d’émission = empreinte carbone
Plus précisément : Unité du produit x quantité de CO2 émise par la quantité. Ces même entreprises déterminent donc quelles sont les sources des émissions carbone, et c’est à partir de là que l’on peut agir.
Un projet de neutralité carbone correctement porté se déroule en 3 étapes, distincte par les 3 types d’émissions :
Dans un premiers temps,
Il s’agit d’abord de couper les robinets d'émissions de carbone superflues ou évitables. Cela peut se traduire par de multiples actions :
Privilégier un fournisseur d'énergies renouvelables tel que Enercoop, Ilek ou encore Energie d’ici.
Ainsi, plutôt que d’utiliser une énergie fossile responsable de 36,4 milliards de tonnes de CO2 en 2021 (selon une estimation du Global Carbon Project), choisissez une énergie par définition naturelle et en perpétuel renouvellement. Vous avez le choix : énergie solaire, éolienne, hydraulique, végétale ou géothermique.
En d’autres termes, évitez d’importer des matières ayant subi un traitement chimique lourd avant d’être exportées à l’autre bout de la planète.
Il s’agit donc de remettre en question la qualité environnementale de ses processus, produits ou services. Par exemple, il est possible de remplacer des solvants (substance qui peut dissoudre, diluer ou extraire sans modifier) chimiques tels que le White Spirit par des solvants naturels comme l’essence de térébenthine, fruit de résine de pins.
Ce ne sont ici que des exemples, et il existe bien d’autres solutions en fonction de votre activité.
Dans un second temps,
Cette seconde étape est plus instinctive, tout aussi importante mais sûrement moins impactante. Elle nécessite une prise de conscience et un engagement individuel au sein d’un groupe. Elle peut également se traduire par diverses solutions, en voici quelques exemples :
D’abord pour les livraisons de produits ou matières premières mais également les déplacements professionnels, ou les trajets maison-travail. Il existe aujourd’hui des alternatives telles que le télétravail ou les visioconférences, même si ce n’est que quelques jours par mois. Il est également possible de favoriser le covoiturage ou les transports en commun.
Pour encourager ce genre de disposition, une entreprise peut aider ses employés dans le financement des transports en commun, mettre en place un crédit mobilité…
Même si cela paraît évident, il est important de les garder à l’esprit : trier ses déchets, éteindre les lumières, baisser le chauffage…
Aujourd’hui, le numérique est un élément indispensable dans le monde du travail. Et pourtant, de la fabrication à l’utilisation, l’informatique laisse une empreinte carbone lourde. Selon un rapport de The Shift Project (https://theshiftproject.org/article/pour-une-sobriete-numerique-rapport-shift/), le numérique représente aujourd’hui 4% des émissions de gaz à effet de serre et ne cesse de s’accroître.
Voici donc une liste de conseils pour réduire son empreinte numérique : https://www.wwf.fr/agir-quotidien/numerique
Une fois de plus, il s’agit d’une liste d’exemples exponentiels.
Enfin,
Les émissions inévitables : les émissions résiduelles incompressibles
Après avoir évité ou réduit les émissions qui peuvent l’être, il nous reste les émissions carbones incompressibles. Aussi appelé déchets carbone ou encore émissions résiduelles, les émissions de carbone incompressibles sont scientifiquement inévitables. Elles sont nécessaires à l’existence d’une activité.
Ne pas avoir de déchets carbone revient, en fait, à ne rien faire du tout.
Déplacements inévitables, procédés de fabrication dont il n’existe pas (encore) de solution alternative, produits que l’on ne trouve pas de manière local et qui nécessite une importation, empreinte digitale… Nombreux sont exemples de telles émissions.
Pour compenser ses émissions résiduelles, il est possible de faire appel à des crédits carbones.
💡En d’autres termes un crédit carbone est une tonne de GES disponible sur le marché, et stockée dans un puits de carbone. De ce fait, une entreprise qui a deux tonnes de carbone incompressible peut achète deux crédits carbone.
Par exemple, L’entreprise A émet 5 tonnes de carbone incompressibles ; En parallèle, la ferme A a une capacité de stockage de carbone de 5 tonnes. La ferme A vend donc 5 crédits carbone, qui sont achetés par l’entreprise A. De cette manière, l’entreprise A a compensé ses 5 tonnes émises en capturant 5 autres tonnes de carbone.
Pour obtenir des crédits carbone, il faut se rapprocher d’entreprises mettant en lien les projets et les financeurs, ou directement des porteurs de projet.
Il existe une multitude de puits de carbone naturels comme les océans, tourbières, toundras ou encore forêts, mais ces derniers ont largement été dédommagés par l’Homme.
Ainsi, les puits de carbone les plus actionnables par l’Homme sont la plantation de forêt et la protection des anciennes (contre la déforestation), ainsi que la gestion des sols.
Sur cinq ans :
👉🏻 Un arbre adulte absorbe en moyenne 125kg de CO2, soit cinq tonnes de CO2 pour 8 arbres.
👉🏻 En France, une ferme laitière qui pratique une agriculture régénératrice capture en moyenne 450 tonnes de CO2, 1000 tonnes pour une ferme de grande culture.
👉🏻 A titre de comparaison, un français rejette en moyenne 56 tonnes de GES
Pour vérifier des crédits carbone, il est nécessaire de se renseigner sur la cohérence du projet ; Ou ? Quand ? Comment ?
Quelles solutions mises en place par rapport aux contextes socio-environnementaux ? Comment les solutions sont-elles mises en place ? Quand les solutions seront-elles effectives ? Quels sont les autres impacts de la solution ?
Pour ce faire, il existe en France le Label Bas Carbone : créé par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, il a pour objectif de certifier la qualité des projets de réduction et séquestration carbone. De la même manière, le Label Gold Standard voit le jour en 2003 grâce à l’association WWF, et certifie les projets de contribution à la neutralité carbone à l’échelle mondiale.
SOURCES :