Retour d'expérience d'une coopérative agricole sur la mesure d'empreinte biodiversité

Comment mesurer l’empreinte biodiversité d’une coopérative agricole ? Quels outils mobiliser, quelles données exploiter, et comment traduire les résultats en actions concrètes sur le terrain ?
C’est tout l’enjeu de la démarche menée par Vivescia, coopérative agricole et agroalimentaire du Grand Est, avec l’appui d’Agoterra et de CDC Biodiversité. Présentée lors de la 4e édition de CarbonConnect, cette initiative offre un retour d’expérience précieux pour toutes les entreprises du secteur agricole qui souhaitent s’engager dans la préservation du vivant.

Pourquoi mesurer l’empreinte biodiversité dans une coopérative agricole ?

Face à l’effondrement du vivant, l’agriculture est à la fois une cause majeure et une actrice centrale de la transition. Pourtant, la biodiversité reste encore difficile à intégrer dans les outils classiques de reporting ou de stratégie RSE. C’est ce constat qui a poussé Vivescia à structurer une démarche de mesure de son empreinte biodiversité.

« Nous voulions sortir du déclaratif, objectiver nos impacts, et disposer d’indicateurs robustes pour piloter notre trajectoire de progrès », explique Jeanne-Marie Carré, responsable RSE de la coopérative.

Un partenariat pour structurer la démarche : CDC Biodiversité, Agoterra, Club B4B+

Pour répondre à cet enjeu, Vivescia a rejoint le Club B4B+ (Biodiversité pour les entreprises et les collectivités) animé par CDC Biodiversité. Ce cadre a permis de lancer un diagnostic d’empreinte biodiversité à l’échelle de la coopérative, en s’appuyant sur l’expertise croisée de plusieurs partenaires :

  • CDC Biodiversité, via son pôle expertise et ses outils de mesure d’empreinte biodiversité
  • Agoterra, en appui sur les données agricoles de terrain et la traduction opérationnelle
  • Le Club B4B+, pour inscrire la démarche dans une dynamique de progrès collectif

Claire Gassiat, cheffe de projet chez Agoterra, précise :

« Nous avons croisé plusieurs sources de données (bases publiques, référentiels agricoles, données internes) pour construire une empreinte représentative des activités agricoles de la coopérative. L’objectif est d’avoir un socle clair pour agir. »

Ce que révèle le diagnostic biodiversité de Vivescia

Le diagnostic mené a permis d’objectiver les principaux impacts de la coopérative, avec plusieurs enseignements clés :

  • Des impacts concentrés en amont, sur les surfaces agricoles, en lien avec l’usage des terres
  • De fortes disparités territoriales, liées aux pratiques agricoles et aux contextes écosystémiques locaux
  • Des leviers d’action identifiés, notamment sur l’assolement, les couverts végétaux, et les infrastructures agroécologiques

« Ce travail permet de cibler les zones sensibles, d’éviter les actions génériques et de prioriser les efforts là où ils sont les plus utiles », résume Yves Chesnot, responsable du pôle expertise à CDC Biodiversité.

Embarquer les équipes et les agriculteurs : une condition de réussite

La réussite de la démarche ne tient pas qu’à la qualité des données. Elle repose aussi sur l’adhésion des parties prenantes internes et de terrain. Vivescia a misé sur une stratégie de pédagogie et de co-construction.

« Le rôle des techniciens de terrain a été clé. Ils ont été formés et impliqués dès le départ pour faire le lien entre les résultats du diagnostic et les pratiques agricoles », souligne Jeanne-Marie Carré.

Les leviers activés pour embarquer les équipes :

  • Un langage simple et opérationnel
  • Des indicateurs lisibles et contextualisés
  • Des restitutions claires, orientées vers l’action
  • Une cohérence avec les autres démarches RSE de la coopérative

Claire Gassiat ajoute :

« Ce n’est pas un outil de sanction ou de contrôle. L’enjeu est d’ouvrir le dialogue avec les agriculteurs, et de mettre en lumière les marges de manœuvre disponibles. »

Vers des trajectoires de réduction d’impact biodiversité

Une fois l’empreinte mesurée, reste à agir. La suite de la démarche chez Vivescia consiste à construire un plan d’action, en s’appuyant sur les résultats du diagnostic et sur les propositions issues du terrain.

Anna Montagner, chargée d’études à CDC Biodiversité, rappelle :

« La mesure d’empreinte n’est qu’une étape. L’objectif est de fixer des trajectoires de réduction, de tester des actions, et de mesurer à nouveau pour ajuster. C’est une logique d’amélioration continue. »

Les pistes d’action identifiées incluent :

  • Le développement des couverts végétaux et des cultures diversifiées
  • Le renforcement des infrastructures agroécologiques
  • Une meilleure connaissance des milieux naturels présents sur les parcelles

En résumé : des données pour passer à l’action

Ce retour d’expérience montre qu’il est possible, même à l’échelle d’une grande coopérative, de mettre en place une mesure d’empreinte biodiversité structurée, cohérente et mobilisatrice. À condition de disposer des bons outils, de partenaires solides et d’une volonté réelle d’intégrer la biodiversité dans les décisions.

« Ce diagnostic nous a permis d’ancrer le sujet dans le réel, et de transformer une préoccupation environnementale en projet d’entreprise », conclut Jeanne-Marie Carré.

Un exemple inspirant pour d’autres acteurs agricoles en quête de trajectoires durables.

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